
Qu’est-ce qu’une alarme du circuit patient ?
Une alarme du circuit patient mesure la pression dans le circuit respiratoire (Bain ou en réinhalation) et alerte l’équipe lorsque la pression dépasse un seuil prédéfini. L’alarme est connectée entre la sortie commune des gaz et le circuit respiratoire. Sauf dans de rares cas (voir ci-dessous : limites de l’alarme), la pression dans le circuit est la même que celle dans les voies respiratoires du patient.
Habituellement, l’alarme est préréglée à 12–15 cmH₂O. Ce seuil est relativement sûr pour la grande majorité des patients, et la ventilation manuelle est possible sans déclencher l’alarme, tout en avertissant avant que la pression ne devienne trop élevée.
Cela ne signifie pas qu’une pression inférieure à 15 cmH₂O est toujours sans danger, ni qu’une pression supérieure à 15 cmH₂O est toujours dangereuse. Par exemple, une pression de 30 à 40 cmH₂O est parfois utilisée lors de manœuvres de recrutement pour corriger une hypoxémie, et il est également possible de provoquer un volutraumatisme (en insufflant un volume trop important) chez des patients dont le thorax est trop élastique, comme chez les patients pédiatriques. Par conséquent, cela ne remplace pas le jugement clinique.
Enfin, l’objectif n’est pas que l’alarme se déclenche à une valeur dangereuse, mais à une valeur qui nous laisse le temps de réagir avant qu’elle ne devienne dangereuse pour le patient.
Si l’air à l’intérieur du circuit ne peut pas s’échapper (par exemple, si la valve de surpression (ou valve APL) est fermée), une fois que le ballon de ventilation est plein, la pression augmente très rapidement. Si l’alarme se déclenche à un niveau trop élevé, il serait impossible de réagir à temps.

Quels sont les dangers de la surpression dans le circuit respiratoire ?
À mesure que la pression augmente dans le circuit, si un patient est connecté au circuit, la pression augmente également dans les voies respiratoires du patient. Cette pression peut comprimer les vaisseaux sanguins, réduisant le retour veineux vers le cœur et provoquant un arrêt cardiaque. La surextension du parenchyme pulmonaire peut également entraîner un pneumothorax (rupture du parenchyme) ou un œdème pulmonaire (augmentation de la perméabilité). Aucune de ces situations n’a un bon pronostic, c’est pourquoi l’alarme aide à prévenir cette situation. Il est donc nécessaire d’agir rapidement lorsque l’alarme se déclenche.
Que faut-il faire lorsque l’alarme se déclenche
La manière la plus rapide est de déconnecter une partie du circuit pour libérer la pression dans celui-ci. Cela peut être n’importe quelle partie du circuit, mais généralement, il est plus facile de déconnecter le ballon de ventilation, le tube respiratoire ou la connexion avec le tube endotrachéal. En tirant sur le ballon de ventilation, faites attention à ne pas appuyer dessus, ce qui augmenterait très brièvement la pression dans le circuit.
L’autre possibilité est d’ouvrir la valve de surpression, mais cela peut prendre plus de temps. L’essentiel est de libérer la pression rapidement.
Une fois la pression libérée, il est important d’examiner le patient à la recherche de signes pouvant suggérer un arrêt cardiaque, un pneumothorax ou un œdème pulmonaire. Certains signes sont immédiats (arrêt cardiaque, pneumothorax sous tension), tandis que d’autres peuvent se développer en quelques minutes (œdème, emphysème sous-cutané). Il est important de rester vigilant.
Comment s’assurer que l’alarme reste fonctionnelle ?
Les alarmes du circuit patient nécessitent un entretien minimal. Les piles doivent être changées régulièrement et l’alarme doit être testée quotidiennement. Lorsque vous effectuez un test d’étanchéité sur l’appareil d’anesthésie, si l’alarme fonctionne, elle doit se déclencher lorsque la pression dépasse 12-15 cmH₂O (selon le réglage). Si aucun son n’est entendu, elle peut être débranchée ou ne plus avoir de pile.
Quelles sont les limites des alarmes du circuit patient ?
Malgré leur utilité, les alarmes présentent certaines limites qu’il est important de comprendre. En cas de défaillance d’une valve unidirectionnelle, notamment si la valve d’expiration reste en position fermée, la pression peut augmenter dans la partie du circuit reliée au patient, mais pas dans la partie reliée à l’alarme. C’est une situation rare, qui ne devrait pas se produire si la machine est correctement vérifiée avant utilisation. Dans ce cas, le patient ne pourrait pas respirer, présenterait un pattern respiratoire obstructif ou une absence de mouvement respiratoire, et aucune trace ne serait visible sur le capnographe.
Si une augmentation de la pression des voies respiratoires est suspectée, déconnecter le circuit patient permet de vérifier que la pression des voies respiratoires est normale.
L’alarme nécessite également une intervention humaine pour résoudre la situation. C’est pourquoi il est important qu’une personne formée soit présente pendant l’anesthésie et sache quoi faire en cas de déclenchement de l’alarme.
Enfin, l’alarme se déclenche à un seuil fixe, qui n’est pas nécessairement adapté à tous les patients, comme expliqué précédemment. Par conséquent, il faut toujours faire preuve d’un bon jugement clinique lors de l’utilisation de l’alarme.
Conclusion
La surpression dans le circuit respiratoire est une situation qui peut rapidement aggraver l’état du patient, il est donc important d’être averti très rapidement. Les alarmes du circuit patient sont donc un élément important de la sécurité du patient en permettant de prévenir une surpression possible dans le circuit avant qu’elle ne devienne dangereuse pour le patient. Cependant, l’alarme seule ne garantit pas la sécurité d’utilisation d’un appareil d’anesthésie. Les machines disposent d’autres dispositifs de sécurité qui peuvent réduire le risque, comme les valves de sécurité. Malgré tous ces éléments, le risque n’est jamais nul, et il est essentiel qu’une personne formée surveille le patient et soit capable de réagir de manière appropriée en cas de problème. C’est l’élément le plus important pour la sécurité du patient.

Écrit par
Dr. Truchetti Geoffrey, DMV, MSc, DES, DACVAA
Le Dr Geoffrey Truchetti est vétérinaire depuis 2009. Il a effectué sa résidence en anesthésie et analgésie à Saint-Hyacinthe (Québec) et est diplômé de l’American College of Veterinary Anaesthesia and Analgesia depuis 2014.
Il est aujourd’hui consultant en anesthésie et analgésie vétérinaire afin que toutes les cliniques privées et leurs patients puissent avoir accès à des soins anesthésiques avancés. Il s’intéresse également de près à la gestion des risques, notamment par le développement… [Lire plus]


